Diversification alimentaire (dont DME)

Diversification alimentaire (dont DME)


Quand on a un enfant, on est confronté à l'avis de tout le monde. Ça commence par la façon dont la maman gère sa grossesse, au choix de la maternité, parfois même celui du prénom... La diversification alimentaire n'échappe pas aux débats !

Et à cela s'ajoute de nouvelles recommandations qui finissent de nous perdre.

Cet article est donc là pour vous redonner des repères, du bon sens, afin de vous permettre de profiter pleinement de cette découverte avec votre enfant !

La diversification, ça se passe quand ?

Pas avant 4 mois et pas après 6 mois révolus. 

Signes que votre enfant est prêt : il s’intéresse à la nourriture, il porte les objets à sa bouche, il démarre la position "assis/courbé". 

De préférence le midi, pour observer la bonne tolérance digestive. Choisissez un moment où vous serez pleinement disponible et lorsque votre enfant n’est pas trop fatigué. 

Fait maison ou pot du commerce ?

Quelques éléments pour vous permettre un choix éclairé....

Avantage du fait maison : 

  • goût réel des aliments 
  • permet une évolution des textures + marquée et donc + adaptée à l’enfant 

Avantage du pot du commerce : 

  • gain de temps 
  • réglementation stricte en termes d’hygiène et de pesticides 

—> Si vous choisissez le fait maison : privilégiez les aliments issus de l’agriculture biologique ainsi que les légumes de saison. Respectez la chaîne du froid et veillez au bon nettoyage des surfaces de travail, etc. 

—> Si vous choisissez les pots du commerce : variez les marques et les consistances pour permettre une réelle évolution des textures. Pensez à ne pas réchauffer les plats dans la barquette en plastique mais à plutôt transvaser le plat dans une casserole ou assiette en céramique. 

Vous n'avez d'ailleurs pas à choisir l'un ou l'autre de manière définitive. 

Par quoi on commence ?

Les légumes

Pourquoi les légumes en premier ? Il semblerait que les proposer en premier améliorerait leur acceptabilité par la suite, ce qui n'a pour autant pas été prouvé scientifiquement. C'est d'avantage un fait culturel !

Par contre, ce qui a été démontré, c'est que + vous proposez un panel varié de légumes en alternant chaque jour, + le panel alimentaire sera varié à l'âge de 6 ans.

Vous pouvez donc commencer par proposer des purées de légumes. 

Carottes, haricots verts, poireaux, choux ? Il n’y a pas réellement d’ordre à respecter ! Le bon sens nous invite à privilégier les légumes tendres en première intention. 

L’important est d’introduire un seul nouvel aliment par repas, pour que votre enfant découvre le goût propre à chaque aliment.

Pour le fait maison, quels légumes choisir ? les légumes frais ou surgelés nature. Les légumes surgelés cuisinés et les conserves sont trop riches en sel.
De préférence de saison et issus de l’agriculture biologique ! 

 

Votre enfant grimace ? C'est normal, c'est nouveau ! Cela ne veut pas dire qu'il n'aime pas les brocolis, sa grimace est une réaction réflexe face à la nouveauté. On considère qu'il faut présenter jusqu'à 8 fois un aliment avant que l’on considère que l’enfant ne l’aime pas. 

 

Les fruits

Après l’introduction de légumes, vous pouvez proposer des purées de fruits sans sucres ajoutés maison ou du commerce. 

 

Les féculents

Vous pouvez intégrer progressivement la pomme de terre aux purées de légumes. Cela permet de rendre le repas plus nourrissant, en plus de faire varier la texture.

Petit tips : choisissez des variétés de pommes de terre adaptées aux purées : Artémis, Bintje, Caesar… 

Vous pouvez aussi proposer des purées de légumes secs : lentilles, pois chiche, haricots rouge… en veillant à ce que votre enfant les digère bien. 

 

Quid des matières grasses ? 

Lorsque votre enfant mangera l’équivalent d’un pot de légumes de 100g, vous pourrez ajouter de la matière grasse avec une cuillère à café d’huile de colza, d’olive, de noix… Vous pouvez également utiliser les mélanges d’huiles pour bébé. 

Jusqu’à 3 ans, les besoins en gras de votre enfant sont importants pour optimiser son développement. Ne les négligez pas ! 

 

Les protéines animales

Après avoir proposé plusieurs légumes, vous pouvez proposer de la viande (blanche/rouge), du poisson (évitez la panure), ou de l'œuf.

Jusqu’à l’âge de 5 ans, il est important de toujours cuire à coeur ces aliments pour éviter les risques infectieux. (Ne pas donner de viande/poisson/oeuf crus, ni de préparations à base de ces aliments : mousse au chocolat, mayonnaises maison). 

Vigilance sur la quantité : pour optimiser la croissance de votre enfant et préserver ses fonctions rénales, ne pas dépasser 10g de viande/poisson/oeuf par jour.  10g = environ 2 càc de viande/poisson ou ¼ d’oeuf. 

 

Aromates

Pas de sel ! Ni dans les cuissons ni après dans les purées. N’oubliez pas que vos goûts sont différents de celui de votre enfant. Ce qui peut vous sembler fade ne l’est pas forcément pour lui.
Par contre, vous pouvez agrémenter les plats d'épices et d'herbes aromatiques. 

 

Qu'en est-il de ses apports en lait ?

Votre enfant aura toujours des besoins importants en lait (lait maternel / préparations infantiles) : au moins 500 à 800 mL/jour. 

Si votre enfant n’est pas allaité, vous pouvez passer aux préparations de suite : "lait 2ème âge". 

Le "lait de croissance" est conseillé jusqu’à l’âge de 3 ans, plus adapté aux besoins nutritionnels de votre enfant que le lait de vache (trop riche en protéines, pas assez en fer). 

Si vous utilisez du lait de vache dans les préparations (purée par ex) : privilégier le lait entier, plus riche en gras. 

Pour les yaourts, plusieurs choix s'offrent à vous ! Comme pour tout sujet, chaque choix a ses avantages et ses inconvénients :

  • Yaourt gamme bébé 
    Avantage : utilisation et stockage pratique
    Inconvénient : peu de fer apporté, et certaines marques ajoutent des additifs
  • Yaourt gamme adulte (au lait entier, bio) 
    Avantage : en général pas d'additif
    Inconvénient : peu de fer, trop de protéines (et peu de matières grasses si lait 1/2 écrémé)
  • Yaourt fait maison à partir de lait maternel ou lait infantile
    Avantage : apports nutritionnels adaptés à l'enfant
    Inconvénient : temps de préparation + conservation courte

Vous pouvez sucrer « naturellement » les laitages avec de la compote, du coulis de fruit sans sucre ajouté, de la purée d’oléagineux (purée d’amande)... 

A partir de 6 mois, vous pouvez proposer de l’eau peu minéralisée au verre ou à la tasse.

 

Aliments à risque sanitaire

  • Miel : attendre 1 an avant d’en proposer (risque de présence d’une toxine le botulisme)
  • Jusque l'âge de 5 ans : régime "femme enceinte", pas de lait cru, fromage au lait cru, bien cuire viande, poisson, œufs.

Allergènes

  • Arachide (cacahuète) et fruits à coque (noix, amande, pistache, noisette...) : sous forme de poudre ou pâte/purée avec 1 càc de poudre ou pâte dans les yaourts, compote, purée... 1 à 2 x/semaine. 
    Introduire d’abord les fruits à coque 1 par 1 avant de proposer des mélanges 
  • Œuf : l’œuf peut d’abord être introduit par le biais des biscuits tels que des boudoirs puis sous forme d’œuf dur (en respectant les 10g/année d’âge/jour)
  • Gluten : sous forme de biscuits, tartines craquantes ou biscottes (+/- écrasées), pain (quignon de pain, pain écrasé, mixé...), pâtes, semoule...

L’important est que l’introduction des allergènes se fasse entre le début de la diversification et avant 1 an, et que leur consommation soit régulière (plusieurs fois par semaine).

 

Les produits sucrés : 

Confiseries, chocolat : le plus tard possible et en quantités limitées !
Boissons sucrées (jus, soda) : non recommandées même les jus de la "gamme bébé".


Evolution des textures : 

Ces indications d'âge sont des repères... Chaque enfant est différent. C'est donc l'observation de votre enfant qui vous aiguillera pour faire évoluer les textures. 

À partir de 2 ans, les bases de la mastication sont acquises et se développeront jusqu'à être mature à l'âge de 7 ans. 

Même sans dents, l’enfant peut manger des morceaux fondants, il aura suffisamment de forces dans les gencives et la machoire.

Attention, aux aliments ronds, petits et durs (comme les cacahuètes par ex) : à éviter avant l'âge de 4 ans à cause du risque de fausse route. 


Quid de la diversification menée par l'enfant (DME) ?

La DME semble dernièrement être LA manière la + physiologique de proposer l'alimentation à votre enfant. Elle permettrait de respecter les besoins physiologiques de votre enfant, de lui permettre d'être acteur de ses repas et une meilleure acceptabilité des morceaux.
Ces arguments sont tout à fait louables mais finalement, ne peut-on pas atteindre également ces objectifs avec la diversification classique ? 

Bien sûr que si ! 

Une diversification classique en observant votre enfant (signes de faim / satiété), en le laissant "patouiller", tout en faisant progresser dès les 8-9 mois la texture est une manière tout aussi louable de proposer l'alimentation la première année.

Mais certains enfants pour diverses raisons (rejet de la cuillère, des textures lisses) auront effectivement + de facilité avec la DME.

A l'inverse d'autres auront + de difficultés à gérer les morceaux fondants et préfèreront une évolution progressive des textures.

Le meilleur choix sera celui adapté à votre enfant ! 

Et d'ailleurs vous pouvez tout à fait jongler entre la "DME" et la "diversification classique". Voici quelques spécificités concernant la DME : 

A partir de quand je peux proposer la DME ?

Dès que l'enfant se tient assis avec un minimum d'aide, soit aux alentours de 6 mois. 

Pourquoi ? À ce moment là, on observe un développement oromoteur permettant le démarrage de la DME. 

Chaque enfant grandit à son propre rythme. Vous saurez qu’il est prêt quand il s’intéressera à la nourriture, il portera les objets à la bouche, il se tiendra assis tout seul pendant un certain temps. 

Quels aliments proposés ?

Aliments de texture fondante 

Pour savoir si l'aliment a la bonne texture, écrasez-le entre votre pouce et index : si le morceau s’écrase facilement c’est que c’est bon ! La mâchoire de bébé fera le même travail. 

Et les textures croustifondantes

Un exemple de cette texture : le curly ! Je ne recommande pas cet aliment pour bébé, c’est un aliment très salé et ultratransformé. Mais c'est pour vous donner une idée ;)
Les aliments croustifondants sont des aliments qui s’écrasent facilement entre les mâchoires et qui croustillent, qui font du bruit. Ces signaux sensoriels vont stimuler votre enfant dans sa mastication.

Exemple d'aliments croustifondants à proposer : un aliment "fondant" (type quartier d’avocat, bâtonnet de légume cuit) + une texture "croustillante" (chapelure de pain ou d’avoine, biscotte écrasée, poudre de coco, pain des fleurs… ). 

Taille : Les morceaux doivent être de la taille d’un auriculaire adulte. Pareil pour l’épaisseur ! Votre enfant à 6 mois n’a pas acquis de motricité fine, il faut l’aider avec une taille d’aliment adaptée : plus c'est gros, mieux c'est. À partir de 9 mois, sa motricité va s’affiner, vous pourrez alors proposer des morceaux plus petits. 

 

Installation

Quelque soit la manière dont vous diversifiez votre enfant, son installation est primordiale ! Il est essentiel que votre enfant se sente contenu, en toute sécurité pour partir à la découverte de l’alimentation.

Pour cela, le mieux est qu’il soit installé sur une chaise qui permet un soutien du dos, et un appui aux pieds. 

Pensez aux chaises adaptatives pour lesquelles le support des pieds s'adapte selon la taille de votre enfant. 

 

Quelle cuillère choisir ? 

Privilégiez une cuillère peu large, peu profonde, pas trop souple. Pensez aux pré-cuillères, sympas pour l'autonomie des enfants. 

 

Est-ce que mon enfant mange assez ?

Au début, il mangera quelques cuillères puis complètera le repas avec le biberon ou la tétée. Puis il augmentera ses quantités. 

Les pots du commerce rassurent car psychologiquement on se dit que l’enfant doit manger telle quantité à tel âge. Mais il se peut que votre enfant ait besoin de moins ou au contraire de plus, et que cela varie d’un jour à l’autre. 

Faites confiance à votre enfant sur sa capacité à définir les quantités dont il a besoin. Si sa courbe de croissance suit son couloir, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Même si votre enfant mange moins qu’un autre, ou l’inverse ! 

Il faut respecter les sensations alimentaires de votre enfant et ne surtout pas le forcer. 

Signes de satiété : Il détourne la tête de la cuillère, regarde ailleurs, ralentit la prise alimentaire... 

Ne surtout par forcer !

La diversification alimentaire au delà de combler à partir de l'âge de 6 mois les besoins nutritionnels changeants de votre enfant, 
est une période d'éveil sensoriel, de partage entre vous et votre enfant.



Indications pour la prise d'un RDV :

  • difficultés à faire progresser la texture
  • panel alimentaire restreint
  • inquiètudes parentales

 

Article co-écrit avec Marie Hélène HUS, orthophoniste spécialisée en alimentation (Roubaix / Villeneuve d'Ascq).

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